Le Parlement européen a adopté mardi sa position avant les discussions avec les ministres de l’UE sur la révision des règles de commercialisation du miel européen afin d’essayer d’endiguer les flux d’importations de contrefaçons provenant principalement de Chine.
Un étiquetage plus transparent du pays d’origine sur tous les miels importés. C’est la principale modification proposée par le Parlement européen pour la révision des directives “petit-déjeuner”. Les eurodéputés se sont mis d’accord mardi sur ce point lors d’un vote en plénière qui s’est tenu à Strasbourg. L’objectif est de limiter drastiquement la fraude dans le secteur.
Les parlementaires estiment que les pays d’origine devraient être mentionnés par ordre décroissant sur les étiquettes, en indiquant leur part respective en pourcentage du poids contribuant à chaque pot.
Une proposition de réforme des directives “petit-déjeuner” a été présentée par la Commission en avril dernier dans le but de mettre à jour les normes de commercialisation de l’UE pour les denrées alimentaires destinées au petit-déjeuner, telles que les jus de fruits, les confitures et le miel, dont certains textes datent de plus de 20 ans.
L’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a publié en mars un rapport qui concluait que 46 % du miel importé de pays tiers dans le marché unique était soupçonné de ne pas être conforme à la législation de l’Union.
La situation devrait s’aggraver car les méthodes de détection officielles actuellement utilisées ne permettent pas de déceler tous les abus. L’utilisation de sirops de sucre est ainsi extrêmement difficile à identifier, même avec des analyses poussées.
“Nous mettrons fin aux pratiques frauduleuses concernant les étiquettes de miel, qui devront à l’avenir indiquer clairement les pays d’origine”, a précisé l’eurodéputé Alexander Bernhuber (PPE) à l’issue du vote. Pour le rapporteur du Parlement sur ce texte, les mesures proposées seront suffisantes pour “protéger les consommateurs et les apiculteurs du miel frelaté et faciliter les choix éclairés des consommateurs grâce à une plus grande transparence”.
Le changement climatique a déjà affecté la production de miel de l’UE, tandis que les détaillants et les transformateurs de produits alimentaires semblent préférer le miel importé moins cher – principalement de Chine et d’autres pays asiatiques comme le Viêt Nam – aux produits européens. Selon le Copa-Cogeca, le lobby des agriculteurs européens, cette combinaison pourrait entraîner la perte de cinq millions de ruches en Europe d’ici à 2030.
La Chine est actuellement le plus grand producteur de miel au monde avec 473 millions de tonnes produites en 2021, soit 27 % de la production mondiale. L’UE suit avec 228 millions de tonnes, soit 13 % de la production mondiale.
“En Hongrie, en Italie, en France, un peu partout en Europe, des apiculteurs professionnels meurent parce qu’ils ne peuvent plus vendre leur miel en raison de la concurrence déloyale du miel chinois. L’Europe doit faire quelque chose”, insiste Yvan Hennion, président du groupe de travail sur le miel du Copa-Cogeca.
Les eurodéputés sont allés plus loin en considérant les nouvelles exigences en matière d’étiquetage comme une première étape dans la mise en œuvre d’un système de traçabilité complet qui devrait garantir l’accès à des informations essentielles concernant non seulement l’origine du miel, mais aussi l’année de production et un identifiant unique du producteur.
Le Parlement européen souhaite également habiliter les autorités compétentes des États membres à suivre l’ensemble de la chaîne jusqu’aux apiculteurs récoltants ou, dans le cas du miel importé, jusqu’au producteur. “Pour garantir l’exactitude des informations sur le pays d’origine du miel, la mise sur le marché devrait être conditionnée à l’exactitude des informations fournies sur la composition du produit”, indique le texte approuvé.
Après le vote du Parlement, les discussions interinstitutionnelles avec le Conseil de l’UE, qui représente les Etats membres, commenceront. Les ministres se sont déjà mis d’accord sur leur position de négociation, dès lors, un accord pourrait être conclu avant la fin de la législature du Parlement.