Les organisateurs avaient promis du « ramdam ». Selon leur dernier comptage en fin d’après-midi, « plus de 10 000 personnes » ont répondu à l’appel avec force percussions, tambours, banderoles et slogans. La préfecture a fait état d’un cortège principal de 2 400 manifestants et de « 2 500 individus radicaux et violents ».
Dans le défilé du cortège principal, la mobilisation s’est déroulée tranquillement durant l’après-midi. Derrière les tracteurs de la Confédération paysanne, marchaient côte à côte des anciens mobilisés du plateau du Larzac avec des militants plus jeunes, les banderoles et pancartes multipliant les jeux de mots : « Faites des 69, pas l’A69 », « L’A69 finira en cul-de-sac », « Des prairies, pas des Ferrari » ou encore « Plus de légumes, moins de bitume ».
Beaucoup disent leur colère face à l’annonce de l’abattage de 250 arbres pour laisser place à l’autoroute. Le gestionnaire promet pourtant de les replanter. Une manifestante dénonce un projet absurde : « Quand on replante des arbres, il faut les arroser, alors qu’il n’y a plus d’eau. Et puis il faut arrêter de supprimer des terres agricoles ! On en a besoin plus que jamais. » Au-delà de l’aspect environnemental, se pose aussi un problème social. Car cette autoroute a un coût. « À 17 euros l’aller-retour, qui va la prendre, cette autoroute ? Comment feront les gens de ce territoire présenté comme pauvre pour dépenser autant d’argent ? », questionne une autre, au micro de notre envoyé spécial, Arthur Ponchelet.
La manifestation a également été émaillée de violences lorsqu’un groupe de militants « presque tous cagoulés, vêtus de noir, casqués », selon le communiqué de la préfecture, s’est détaché du cortège principal. Certains se sont introduits dans une cimenterie, Carayon, et une entreprise du BTP, Bardou et fils, toutes deux engagées sur le chantier de l’A69, selon le concessionnaire Atosca. Leur objectif : « désarmer » ces entreprises. Dans la cimenterie, « un algeco, trois véhicules toupies et un engin de travaux publics » ont été endommagés lors d’un incendie allumé par ces militants qui ont « dégradé le bâtiment » de l’entreprise Bardou et « arraché ses clôtures, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre », selon la préfecture. Au total, sept interpellations ont eu lieu et les forces de l’ordre ont fait usage de « 74 grenades » lacrymogènes. Deux policiers ont également été légèrement blessés.
S’appuyant sur un sondage Ifop réalisé il y a quelques jours auprès de la population du Tarn et de la Haute-Garonne, les organisateurs de cette manifestation indiquent que 61% des sondés sont favorables à l’abandon du projet d’autoroute et qu’ils sont 82% à se prononcer pour un référendum local. De son côté, le concessionnaire Atosca, a fait valoir que 53% des Français sont favorables à l’autoroute, s’appuyant sur un autre sondage réalisé par Opinion Way. L’entreprise a également insisté sur le fait qu’environ 40% du budget du chantier a déjà été engagé et que les travaux étaient donc bien lancés.
Les associations environnementales ont lancé un contre-projet soutenu par les élus locaux. Il consiste à réaménager la nationale existante, construire une véloroute pour les petites distances et améliorer le réseau ferroviaire. Le gouvernement, lui, continue de soutenir le projet et l’assure : la construction ira jusqu’à son terme. Ce samedi soir, des militants occupaient des bâtiments abandonnés dans la zone avec l’objectif de s’implanter dans la durée pour contester ce projet d’autoroute.