Le Forum mondial sur les réfugiés s’est tenu cette semaine à Genève. Lors de cette rencontre qui se déroule tous les quatre ans, les maires ont tenu à faire entendre leur voix car les villes demeurent les destinataires des déplacements de personnes.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) tire la sonnette d’alarme. Les financements manquent. Lors du Forum mondial sur les réfugiés qui s’est tenu cette semaine à Genève, l’organisation internationale a souligné qu’elle allait connaître un déficit de 400 millions de dollars pour finir l’année. Les organisations humanitaires rencontrent les mêmes difficultés financières.
Les villes d’Europe sont souvent les premières touchées par la crise migratoire et elles ont parfois du mal à trouver des solutions à des problèmes très concrets. Euronews a interrogé Marvin Rees, maire de Bristol au Royaume-Uni et membre du Conseil des maires pour la migration.
Il y avait 36 millions de réfugiés en 2023, soit une augmentation de 35 % en un an seulement. Comment cela affecte les villes en Europe ?
Marvin Rees :
La plupart des personnes qui quittent un endroit se rendent dans des villes. Nous sommes les destinataires. Nous sommes les lieux où les gens se rassemblent. Nous en subissons les conséquences. Nous portons le fardeau de la fourniture de services. Mais nous sommes aussi dans un endroit qui est le mieux placé pour bénéficier de la migration mondiale. N’oubliez pas que les villes n’existent que parce qu’il y a des déplacements et des croisements. C’est là qu’apparaissent les établissements humains. Par nature, les villes dépendent de la circulation des personnes. Mais il faut investir pour pouvoir exploiter pleinement les possibilités offertes par les migrations mondiales.
Euronews :
Que fait votre organisation pour aider les réfugiés ?
Marvin Rees :
Nous veillons à ce que les maires du monde entier aient leur mot à dire dans les cadres nationaux et internationaux qui déterminent en grande partie l’expérience des réfugiés et l’existence de facteurs d’incitation et d’attraction. Je vais vous donner un exemple. Il y a quelques années, les Nations Unies négociaient le Pacte mondial sur les migrations. Ce cadre a été discuté avec les villes, ce qui est remarquable de voir les villes jouer un rôle aussi central dans l’expérience de la migration. La façon dont nous élaborons les cadres internationaux doit donc refléter les expériences, les besoins et les défis réels de nos villes. Et c’est ce que fait le Conseil des maires pour la migration.
Euronews :
Le Conseil a été créé par les maires pour les maires afin de leur permettre de s’asseoir à la table de la politique mondiale. Est-ce que cela fonctionne ?
Marvin Rees :
Je pense que les politiciens nationaux et les organisations internationales reconnaissent de plus en plus que le modèle actuel de gouvernance mondiale n’est tout simplement pas à la hauteur des défis auxquels nous sommes confrontés. Ces défis sont post-nationaux, qu’il s’agisse du changement climatique, des migrations, des pandémies, de la sécurité, de la stabilité politique et du travail sur des bases qui s’arrêtent aux frontières nationales. Cela ne fonctionne pas. Il existe des solutions au niveau des villes, car la plupart des habitants de la planète vivent désormais dans des villes. Nous sommes un monde urbain et les deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes d’ici 2050. Il est donc logique de commencer à réfléchir à la nature même de l’urbanisation et de soutenir les mesures qui permettent une urbanisation de qualité si nous voulons relever les défis et saisir les opportunités qui se présentent à nous.
Euronews :
Qu’espérez-vous accomplir lors du Forum ?
Marvin Rees :
J’espère que les gens reconnaissent l’importance des maires. J’espère qu’à l’avenir, les maires et les villes seront systématiquement impliqués dans les négociations, non pas après coup, non pas en tant qu’invités, mais en tant que partie intégrante des négociations. Ensuite, nous devons parler de financement (…) Nous devons donc allouer les ressources aux villes pour qu’elles puissent apporter les solutions dont les pays du monde ont besoin.