Accroissement des tensions à la frontière entre la Finlande et la Russie. La crise entre Helsinki et Moscou a franchi un cap supplémentaire mercredi 22 novembre avec la décision finlandaise de ne garder qu’un seul poste-frontière ouvert avec son voisin, qu’elle accuse d’orchestrer une crise migratoire.
Depuis début août, environ 700 demandeurs d’asile sont entrés en Finlande sans visa par la frontière avec la Russie, longue de plus de 1 300 kilomètres, selon les autorités finlandaises.
“Le gouvernement a décidé aujourd’hui de fermer de nouveaux postes-frontières. Seul le poste de Raja-Jooseppi va rester ouvert”, a déclaré Petteri Orpo lors d’une conférence de presse.
La Finlande avait déjà fermé samedi quatre de ses huit points de passage frontaliers du sud-est du pays pour tenter d’endiguer l’arrivée de migrants sans papiers.
“Ces mesures n’ont malheureusement pas permis d’enrayer le phénomène”, a ajouté le Premier ministre.
“Action systématique et organisée par les autorités russes”
Selon Helsinki, les autorités russes organisent cet afflux de migrants. Petteri Orpo a estimé lundi qu’il s’agissait d’une “action systématique et organisée par les autorités russes”.
Les migrants qui se présentent à la frontière sont originaires du Proche-Orient et d’Afrique, en particulier d’Irak, de Somalie et du Yémen, relevaient les gardes-frontières il y a quelques jours.
Mercredi matin, un responsable russe a assuré qu’environ 300 personnes étaient rassemblées dans l’Arctique russe à un poste-frontière avec la Finlande dans l’espoir de le franchir.
Le gouvernement finlandais juge qu'”il est clair que les autorités étrangères et d’autres acteurs ont joué un rôle dans la facilitation de l’entrée des personnes en Finlande”, selon un communiqué dans lequel il incrimine également la “criminalité internationale”.
La fermeture des trois nouveaux postes-frontières interviendra à minuit dans la nuit de jeudi à vendredi et jusqu’au 23 décembre, a précisé le ministère de l’Intérieur.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a rejeté mercredi matin les accusations de la Finlande. “Les autorités finlandaises commencent à trouver des excuses maladroites, réactivant ainsi les sentiments russophobes”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Une “attaque hybride”
Les relations entre les deux voisins se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa propre sécurité, à rejoindre l’Otan en avril dernier.
Le Premier ministre finlandais a estimé que “l’instrumentalisation des migrations” était “une façon d’essayer d’influencer la situation intérieure et la sécurité des frontières en Finlande et dans l’UE”. Le ministère de l’Intérieur a jugé, lui, que l’afflux de migrants “posait un problème sérieux à la sécurité nationale et à l’ordre public”.
“Nous n’acceptons pas ce type d’action”, a souligné le Premier ministre finlandais, pour qui il serait légalement possible de fermer la totalité de la frontière, mais les conditions ne sont pas réunies.
Le président polonais Andrzej Duda a apporté lundi son soutien à la Finlande, estimant qu’il s’agissait d’une “attaque hybride” comparable à celle que connaît la Pologne sur sa frontière avec la Biélorussie.
Depuis 2021, Varsovie accuse la Russie et la Biélorussie d’être à l’origine de l’augmentation du nombre de migrants qui tentent de gagner l’UE via sa frontière.
L’adhésion de la Finlande à l’Otan a marqué un raidissement supplémentaire des relations avec Moscou, qui avait alors promis de prendre des “contre-mesures”. Anticipant la possibilité que la Russie puisse utiliser les migrants pour peser sur sa situation intérieure, la Finlande a modifié sa législation en juillet 2022 pour lancer un projet de vaste clôture de sa frontière sur 200 km, incluant fils barbelés et caméras nocturnes.
Seulement trois kilomètres ont été construits pour l’instant, l’essentiel de cette zone étant inhabitée. Les forces de défense finlandaises ont été appelées en renfort depuis quelques jours pour construire une barrière temporaire autour de certains points de passage.
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