En France, le 7 novembre 2023 est le jour symbolique à partir duquel les femmes travaillent gratuitement. La sociologue Rose-Myrlie Joseph nous explique l’étendue du travail invisible et gratuit des femmes, dans l’entreprise comme dans la famille.
A partir du 7 novembre 2023, les Françaises ne sont plus payées. A temps de travail égal, les femmes continuent à toucher un salaire inférieur de 16,8% à celui des hommes. Au rythme auquel les écarts de salaire reculent, il faudra 150 ans pour atteindre une vraie égalité hommes-femmes…
Ce phénomène s’observe dans la sphère professionnelle, mais aussi dans la sphère familiale car les femmes sont encore celles qui s’occupent de la plupart des tâches domestiques. Un travail invisible et gratuit. Pour la docteure en études de genre et sociologie Rose-Myrlie Joseph, ce “travail reproductif” – par opposition au “travail productif” de l’entreprise – est bien plus étendu qu’on ne l’imagine. Il recouvre les tâches ménagères, mais aussi la production de travailleur·euses pour l’économie capitaliste, tout comme leur entretien pour qu’ils et elles soient efficaces dans leur emploi.
Tout ce travail de la sphère privé n’apparaît dans toute son importance que s’il est externalisé et confié à des tiers – comme des auxiliaires de ménages, des spécialistes de la puériculture ou encore des aides à domicile pour personnes âgées. Seulement alors, le poids économique et donc, sa valeur, apparaissent vraiment. Mais là encore, des inégalités persistent car la sous-traitance de ces tâches est souvent confiée, là encore, à des femmes… Elles sont elles-mêmes souvent racisées, issues de l’immigration et peu payées pour un travail qui n’est pas très valorisé socialement.
L’Etat lui-même se repose dans une certaine mesure sur cette masse de travailleur·euses invisibles. Dans le secteur de la santé, la multiplication des hospitalisations de jour signifie que les malades effectuent leur convalescence à domicile et sont donc pris·es en charge par leurs familles.
Egalement au sommaire de cette émission : Emmanuel Macron a décidé de faire la protection de l’IVG l’un des moments forts de son deuxième mandat. En l’inscrivant dans la Constitution, le président français veut en faire une liberté qu’il estime “irréversible”. Le Conseil d’Etat a été sollicité pour examiner la faisabilité du projet de loi, avant sa présentation en Conseil des ministres et, éventuellement, son inscription dans le texte fondamental en 2024.
La volonté d’Emmanuel Macron de sacraliser, d’une certaine manière, cette possibilité pour les femmes, est une réaction au renversement de l’arrêt Roe vs. Wade aux Etats-Unis. Depuis le 24 juin 2022, le droit des Américaines à recourir à l’avortement n’est plus protégé au niveau fédéral par la Constitution du pays.
Enfin, aux Etats-Unis toujours, de plus en plus de femmes s’équipent en armes à feu, en particulier dans la communauté afro-américaine. Au premier semestre 2021, la proportion de femmes noires possédant une arme à feu a même bondi de 87%. Depuis plusieurs années, les bavures policières lors d’arrestation d’Afro-Américain·es, les tensions liées au Covid et l’agitation politique et sociale, a convaincu les membres du groupe “A girl and a gun” (Une fille et un flingue) de la nécessiter d’assurer elles-mêmes leur sécurité.
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