Crise de L’Eau à Mayotte : L’ÉTat VA Payer Les Factures ET éLargir la Distribution de Bouteilles

L’État va prendre en charge de septembre à décembre les factures d’eau des habitants de Mayotte confrontés à une grave pénurie de cette ressource vitale sur leur île, a annoncé jeudi 5 octobre Elisabeth Borne dans un communiqué.

“Les abonnés au service de l’eau n’auront pas à payer les factures des mois de septembre à décembre 2023, compte tenu de la dégradation très importante du service rendu au public”, a précisé la Première ministre à l’issue d’une réunion interministérielle à ce sujet.

Le gouvernement prévoit également “d’élargir progressivement” jusqu’à la mi-novembre la distribution de bouteilles d’eau gratuites, limitée à ce jour à 50 000 personnes parmi les plus vulnérables, grâce à davantage d’acheminements de bouteilles depuis La Réunion et l’Hexagone. Une source proche du dossier évoque un élargissement de cette distribution à environ 100 000 personnes.

Quelque 300 militaires et civils seront déployés à Mayotte pour assurer la logistique de cette distribution, dont 50 assistants d’éducation dans les écoles.

En outre, 30 personnels soignants renforceront les effectifs du centre hospitalier de Mamoudzou “dans les prochains jours”, et un “dispositif d’aides” aux entreprises touchées par ces pénuries sera mis en place “courant novembre”.

“Six à huit semaines” difficiles

Pour faire face à cette crise de l’eau due à une sévère sécheresse, l’État a intensifié les coupures et envisage encore de les étendre, anticipant “six à huit semaines” difficiles.

Depuis le 4 septembre, la population mahoraise (310 000 habitants au 1er janvier 2023, selon l’Insee) est privée d’eau deux jours sur trois.

Élisabeth Borne a réuni à Matignon jeudi après-midi au sujet de cette crise les ministres Gérald Darmanin(Intérieur), Sébastien Lecornu (Défense), Gabriel Attal (Éducation), Marc Fesneau (Agriculture), Aurélien Rousseau (Santé), Aurore Bergé (Solidarités), Olivia Grégoire (PME), et Philippe Vigier (Outre-mer).

Le département le plus pauvre de France est confronté à sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend largement des eaux pluviales.

Les déficits pluviométriques sont aggravés par un manque d’infrastructures et d’investissements dans un territoire qui, sous pression de l’immigration clandestine venue notamment des Comores voisines, connaît une croissance démographique de 4 % par an.

Les deux retenues collinaires (ouvrages de stockage de l’eau), qui assurent en temps normal 80 % de l’approvisionnement, avec les rivières, sont quasiment à sec.

Lorsque leur vidange sera complète, courant octobre, le territoire mahorais ne pourra compter que sur ses rivières, ses eaux souterraines et sur la production de son usine de dessalement, en attendant que la saison des pluies permette de recharger les réserves à partir de novembre.

Cependant, même si la saison des pluies démarre début novembre, comme habituellement, “il faudra du temps pour réalimenter les retenues collinaires”, avait prévenu le préfet chargé de l’eau à Mayotte, Gilles Cantal.

Des travaux d’urgence ont été engagés (forages, recherche de fuites, interconnexion des réseaux…) mais ne devraient porter leurs fruits qu’à plus long terme. Sont également envisagés la mise en chantier d’une deuxième usine de dessalement et un projet de troisième retenue collinaire.

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