L’opposition espagnole ne lâche pas la pression sur le président du gouvernement Pedro Sanchez à propos des relations dégradées avec l’Algérie.
Pedro Sanchez a provoqué une crise politique avec un partenaire économique important pour l’Espagne en s’alignant sur les thèses marocaines sur le Sahara occidental. Depuis, l’Espagne n’a pas cessé de compter ses pertes.
Le 18 mars 2022, le gouvernement espagnol a rompu d’une manière aussi inattendue que spectaculaire avec la neutralité de l’Espagne dans le dossier du Sahara occidental en décidant d’appuyer le plan d’autonomie marocain.
L’annonce a été faite par le palais royal marocain, qui a divulgué la teneur d’une lettre envoyée par Pedro Sanchez au roi Mohamed VI.
Ce revirement a provoqué la colère de l’Algérie qui a pris depuis plusieurs mesures, dont la suspension du traité d’amitié liant les deux pays depuis vingt ans et du commerce extérieur de et vers l’Espagne.
Les répercussions sur les entreprises espagnoles ont été instantanées. A plusieurs reprises, les opérateurs économiques affectés sont montés au créneau, ainsi que l’opposition politique pour faire pression sur le gouvernement afin de l’amener à trouver une issue à la crise avec l’Algérie.
Le principal parti d’opposition, le Parti populaire (droite), est revenu à la charge via une motion de ses représentants au Congrès des députés (chambre basse du parlement). La motion sera débattue le 30 mai prochain en commission des affaires étrangères du Congrès espagnol.
Dans cette motion, le groupe du parti populaire a rappelé au gouvernement de Pedro Sanchez sa responsabilité directe dans le déclenchement de la crise, indiquant que les mesures prises par l’Algérie ont été la conséquence du changement de la position de l’Espagne sur la question du Sahara occidental.
Crise avec l’Algérie : l’Espagne divisée
Les députés ont ensuite chiffré les pertes colossales de l’Espagne, suivant les données publiées par le ministère du Commerce. Plus de 600 entreprises ayant des relations commerciales avec l’Algérie ont été affectées, selon le texte de la motion.
Entre juin et novembre 2022, les entreprises espagnoles ont perdu 733 millions d’euros d’exportations vers l’Algérie, soit une baisse de 82% par rapport au volume habituel des échanges.
Pendant cette période de six mois, elles n’ont exporté vers l’Algérie que pour 165,1 millions d’euros, contre 938 millions d’euros pendant la même période de 2021.
Alors que les exportations espagnoles vers l’Algérie avaient augmenté de 64 millions d’euros (+8,8%) en mai 2021, elles ont connu une chute spectaculaire (-82%) pendant le même mois de 2022.
Cette situation ne peut pas durer et l’opposition espagnole veut une solution qui, selon elle, passe par une action diplomatique envers le gouvernement algérien.
Les députés rappellent qui si la réunion tenue début 2023 par une dizaine d’entrepreneurs avec le ministre de l’Industrie n’a rien donné, c’est à cause de l’absence de tout contact diplomatique avec les autorités algériennes.
Aussi, tout en réclamant l’activation de lignes de soutien aux entreprises affectées, les députés de l’opposition réclament du gouvernement espâgnol « une action diplomatique intense pour reconstruire une bonne relation avec l’Algérie », dans le cadre du traité d’amitié et de bon voisinage de 2002.
Les autorités algériennes se sont montrées jusque-là intransigeantes sur la question. La crise risque de ne pas connaître son épilogue tant que le gouvernement espagnol n’aura pas rectifié le tir par un retour à la neutralité historique de l’Espagne dans le dossier du Sahara occidental.
La Source: TSA