Le conflit au Proche-Orient met en lumière les divergences entre les Etats membres.
A une semaine d’un sommet majeur des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, les fractures entre les 27 à propos du conflit entre Israël et le Hamas sont plus visibles que jamais. La polarisation des opinions publiques concernant le Proche-Orient est telle que les dirigeants devront peser plus encore leurs mots.
Lors d’une conférence organisée cette semaine par une ONG, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a vu une partie de la salle se vider après avoir déclaré que l’Etat hébreu menait un carnage à Gaza.
“Ce à quoi nous assistons à Gaza est un nouveau carnage. Combien de victimes ? Nous ne le savons pas, personne ne le sait. Une estimation dit 15 000, mais je crains que sous les décombres des maisons détruites, il y en ait beaucoup plus, avec un grand nombre d’enfants“, expliquait ainsi Josep Borrell.
L’eurodéputé Antonio López-Istúriz (PPE) juge que le responsable de la diplomatie de l’UE fait preuve de partialité et qu’il ne fait que suivre la ligne du gouvernement socialiste espagnol.
Il assure que Josep Borrell est allé trop loin en accusant Israël de massacre car, selon le parlementaire, l’Etat hébreu respecte le droit international.
“Nous devons attendre le Conseil européen pour voir les positions des différents Etats membres et si nous pouvons arriver à une position commune, ce serait l’idéal. Mais en attendant, il y a des opinions différentes, c’est ce que le Haut représentant doit refléter. Il ne faut pas qu’il y ait qu’une seule version des faits“, insiste Antonio López-Istúriz.
Les tensions entre les dirigeants européens apparaissent au grand jour. Les Premiers ministres belge et espagnol se sont rendus récemment dans la région et ont critiqué Israël pour les souffrances du peuple palestinien. Les deux pays ont traditionnellement une approche pro-palestinienne. A contrario, l’Allemagne et la Hongrie sont des soutiens solides de l’Etat hébreu.
“Tout le monde dans l’Union européenne est d’accord, bien sûr, pour dire qu’il faut éviter de faire des victimes civiles à Gaza. Ce point est clairement mentionné par toutes les capitales“, constate Bruno Lété, chercheur au German Marshall Fund.
“Toutefois, les États membres sont divisés sur la question du droit d’Israël à l’autodéfense. Certains États membres de l’UE prennent cet argument très au sérieux et soutiennent Israël à cet égard. Mais d’autres États membres de l’UE tentent d’atténuer ce droit à l’autodéfense en affirmant qu’il devrait y avoir une proportionnalité et que la réponse d’Israël n’est pas du tout proportionnelle“, ajoute-t-il.
L’Union européenne a fait de la solidarité avec Israël et du droit à l’Etat hébreu de se défendre sa position officielle, mais les 27 soulignent aussi que cette réponse doit se faire dans le respect du droit international.