Devant 500 maires concernés par les violences urbaines qui ont secoué la France au début de l’été, le gouvernement a présenté des mesures par la voix de la Première ministre, Élisabeth Borne. Étaient aussi présents à la Sorbonne le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, et la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé.
Quatre mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin, Élisabeth Borne a annoncé une série de mesures visant notamment à répondre à une « crise de l’autorité » ; les émeutiers étaient, en majorité, des hommes très jeunes et peu diplômés, a-t-elle rappelé.
Un encadrement par des militaires sera envisagé pour les jeunes délinquants. L’amende pour non-respect du couvre-feu sera multipliée par cinq pour être portée à 750 euros. Les gens qui incitent à la violence sur les réseaux sociaux pourront en être bannis temporairement.
Nous allons proposer au Parlement de pouvoir placer des jeunes délinquants de manière obligatoire dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse. Dans certains cas, nous pouvons envisager un encadrement de jeunes délinquants par des militaires qui pourront notamment transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi…
Pour corriger la « démission » de certains parents devant la « dérive » de leurs enfants, le gouvernement entend légiférer pour proposer des peines de travaux d’intérêt général à ceux « qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs », a déclaré la Première ministre. « Quand un mineur a causé des dégradations, nous allons nous assurer que les deux parents, qu’ils soient séparés ou non, qu’ils vivent avec leur enfant ou non, soient responsables financièrement des dommages causés », a-t-elle également dit, après avoir rappelé que, parmi les émeutiers, « les jeunes issus de familles monoparentales » en juin étaient « fortement surreprésentés ».
« Il ne s’agit pas d’ennuyer des parents qui sont dépassés », a précisé Éric Dupond-Moretti. Certains élus présent à la Sorbonne ont tout de même dénonce du « tout répressif » et ont quitté la salle avant la fin de l’intervention de la Première ministre.
Une enveloppe de 100 millions d’euros pour « la réparation et la reconstruction »
Pour les maires qui le souhaitent, les polices municipales pourront accomplir des actes de police judiciaire, a par ailleurs annoncé Élisabeth Borne. Cet élargissement des champs d’action de la police municipale avait déjà été voté en 2021, mais censuré par le Conseil constitutionnel. « Il faudra des dispositions législatives », a précisé Matignon.
Des « forces d’action républicaine » – policiers, magistrats et personnels sociaux –- seront également déployés ensemble dans certains quartiers pour une plus grande efficacité « en matière de sécurité, mais aussi pour des réponses judiciaires, éducatives ou sociales ». Les premiers déploiements auront lieu à Besançon, Valence et Maubeuge (Nord) d’ici à la fin de l’année. Ce dispositif, promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2022, sera piloté sur le terrain « par le maire, le préfet et le procureur de la République », précise Matignon.
Ces « forces d’action républicaine » devront mener des actions coup de poing dans les quartiers qui cumulent les problèmes. Elles devront y rétablir l’ordre d’abord, avant l’intervention des autres acteurs de l’État pour réaliser un diagnostic et agir…
La Première ministre a également annoncé que 100 millions d’euros seront débloqués pour la réparation et la reconstruction des bâtiments touchés. Pour nombre d’entre eux, il s’agissait de bâtiments de la République.
Vous pouvez compter sur la mobilisation des services de l’État, et nous veillons à celle des assurances. (…) Une enveloppe de 100 millions d’euros pourra être mobilisée pour vous aider à la réparation et à la reconstruction…
Après ces annonces, un Comité interministériel des villes, plusieurs fois reporté, se tiendra finalement vendredi 27 octobre à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Son objectif : apporter des solutions aux problèmes récurrents des quartiers prioritaires, tant sur le plan de l’emploi, du logement que de l’école ou des discriminations.