Sous les lustres du magnifique amphithéâtre de la Sorbonne jeudi 26 octobre, le premier temps de réponse de l’exécutif était clairement celui de la fermeté.
Après avoir annoncé une enveloppe de 100 millions d’euros pour aider les collectivités à la réparation et à la reconstruction des bâtiments publics partiellement ou totalement détruits après les émeutes urbaines du début d’été, les mesures annoncées par Elisabeth Borne visaient surtout à « réaffirmer l’autorité et l’ordre républicain » mis à mal pendant les émeutes.
Un retour à l’autorité assumé par la Première ministre, avec des mesures « régaliennes » en réponse à ce qu’elle a qualifié de « crise d’autorité », en écho au triptyque prôné par Emmanuel Macron fin juillet depuis Nouméa : « L’ordre… l’ordre… l’ordre… » Au-delà de la réponse sécuritaire et répressive immédiate, au moment des émeutes – près de 1 800 personnes ont ainsi été condamnées à des peines de prison ferme – le chef de l’État avait fixé le cap : le « retour de l’autorité à chaque niveau et d’abord dans la famille » alors que la jeunesse des émeutiers était pointée, un tiers des mis en garde à vue notamment étaient mineurs.
Plus de fermeté pour les jeunes délinquants et leurs familles
Pour assurer un suivi très strict des mineurs délinquants, il y a quelques nouveautés du côté judiciaire : avec la création d’un sursis probatoire ou d’une libération conditionnelle, l’obligation de respecter un placement dans une unité d’accueil de jour, encadrés par des éducateurs. En cas de non-respect, ce sera le placement en centre éducatif fermé ou en détention.
L’encadrement des jeunes par des militaires est même envisagée, avec la réalisation de travaux d’intérêt général. Une mesure déjà proposée par Ségolène Royal en 2007.
Les parents ne sont pas oubliés
Pour corriger « la démission » – tels sont les mots de l’exécutif – de certains parents face à la « dérive » de leurs enfants, le gouvernement entend légiférer, notamment pour proposer des peines de travaux d’intérêt général et s’assurer de leur contribution financière à la réparation des dégâts. Les deux parents devraient être concernés, qu’ils vivent ou non avec leur enfant, alors que bon nombre des jeunes arrêtés étaient issus de familles monoparentales. Leur mère le plus souvent.
Même fermeté affichée du côté policier. Avec la volonté renouvelée de donner plus de pouvoir judiciaire, contrôles, accès aux fichiers par exemple, à la police municipale. Des policiers municipaux qui ont été en première ligne lors des émeutes. Un élargissement avait déjà été voté en 2021, avant d’être censuré par le Conseil d’État.
Autre annonce, qui n’en est pas tout à fait une, la mise en place dans certains quartiers des Forces d’action républicaine – policiers, magistrats, personnels sociaux – pour une plus grande efficacité « en matière de sécurité d’abord », mais aussi pour apporter des réponses judiciaires, éducatives ou sociales. Ce dispositif était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2022. Les premiers déploiements auront lieu à Besançon, Valence et Maubeuge d’ici à la fin de l’année, a annoncé Elisabeth Borne jeudi.
Une deuxième séquence plus « sociale » pour les quartiers prioritaires
Plusieurs fois repoussé à la colère des maires, le Comité interministériel des villes qui s’est déroulé à Chanteloup-les-Vignes ce vendredi a permis à Elisabeth Borne de présenter les réponses sociales du gouvernement.
Une sorte de même temps, cher à Emmanuel Macron, décliné en deux temps. Après le régalien et l’affirmation de l’autorité la veille, il s’agissait ce vendredi d’apporter des solutions aux problèmes sociaux récurrents des quartiers prioritaires, tant sur le plan de l’emploi, du logement, que de l’école ou des discriminations.
Au nom de la mixité sociale, Elisabeth Borne a notamment annoncé que le gouvernement ne voulait plus attribuer de logements aux plus précaires dans les quartiers populaires, afin d’éviter « de concentrer les difficultés ». Un fonds de 456 millions d’euros sur 4 ans va également être débloqué, dans le cadre d’un programme baptisé « Entrepreneuriat Quartiers 2030 » pour favoriser la création d’entreprises dans les quartiers prioritaires.
Pour renforcer la prise en charge des élèves, les collèges seront ouverts de 8h à 18h en 2024 et les écoles dans la dernière quinzaine d’août.