Des élections sanction pour le chancelier allemand. Les trois partis de la coalition de centre gauche d’Olaf Scholz ont accusé une sévère défaite, dimanche 8 octobre, lors d’élections dans deux grandes régions d’Allemagne, bastions des conservateurs, qui montrent aussi une poussée de l’extrême droite, selon les sondages à la sortie des urnes.
Les sociaux-démocrates de Scholz, les Verts et les libéraux du FDP sont en recul dans les deux scrutins qui ont eu lieu en Bavière, la plus grande région allemande en superficie, et en Hesse où se trouve Francfort, le siège de la BCE.
Selon ces sondages, les conservateurs remportent, comme attendu, les deux élections et le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) pourrait prendre la seconde place.
“Nous sommes sur la bonne voie”, a rapidement réagi la co-cheffe de l’AfD Alice Weidel, interprétant les résultats comme “une punition” pour le gouvernement et “un vote pour un changement”.
Ce parti anti-immigration, qui critique aussi les mesures de protection du climat assimilées à la cherté et à la contrainte, a ainsi confirmé son envolée dans les sondages au niveau national où il recueille plus entre 20 et 22 % des intentions de vote, derrière la droite.
Il a profité du fait que la campagne s’est largement focalisée sur les critiques à l’encontre de la coalition au pouvoir depuis décembre 2021, minée par des querelles incessantes.
Vote sanction
À mi-mandat, le gouvernement d’Olaf Scholz est sanctionné dans ces élections où l’inquiétude de la population face à la crise industrielle traversée par la première économie européenne et la résurgence de la question migratoire ont joué un rôle central.
La campagne s’est largement focalisée sur les critiques à l’encontre de la coalition au pouvoir depuis décembre 2021.
L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 avait favorisé une période d’unité au sein de cet attelage gouvernemental inédit. Mais les frictions se sont depuis multipliées sur tous les sujets, de la réduction des dépenses budgétaires aux mesures de lutte contre le réchauffement climatique.
Minée par des querelles incessantes entre sociaux-démocrates, verts et libéraux du FDP, la coalition de Scholz donnait l’impression de ne pas “être en mesure d’agir” face aux crises, selon Ursula Münch, directrice de l’Académie d’éducation politique de Tutzing, en Bavière.
Les craintes d’une nouvelle crise migratoire comme celle de 2015 était l’un des enjeux fort de la campagne, en raison d’une hausse des arrivées de demandeurs d’asile, en provenance notamment de Syrie et d’Afghanistan, via la Pologne, l’Autriche et la République tchèque voisines.
Dans ce contexte, le gouvernement est accusé d’avoir abandonné les communes allemandes frontalières, dépassées par l’afflux des réfugiés, préférant “ignorer le problème”, a encore déclaré vendredi le Ministre-président de Bavière aux accents populistes de la Bavière Markus Söder.
“Résultats décevants”
En Hesse, le SPD mené par le ministre de l’Intérieur Nancy Faeser en a fait les frais : le parti arriverait en quatrième position seulement (15,2 %), après l’AfD (16,8 %) et les Verts (15,5 %), et loin derrière l’Union chrétienne-démocrate (CDU) menée par un inconnu, Boris Rhein, qui décroche 34,7 %, en nette hausse comparé à 2018 (27 %), selon les premières estimations.
“Nous n’avons hélas pas réussi à nous imposer avec nos thèmes. C’est une performance très décevante”, a réagi la ministre un poids-lourds du gouvernement qui entend conserver son portefeuille de l’Intérieur.
En Bavière, le tonitruant chef du gouvernement Markus Söder a remporté le scrutin, mais avec un résultat en légère baisse (36,7 %) et le plus mauvais depuis plus de 70 ans pour son parti Union chrétienne-sociale (CSU), avatar régional de la CDU. Ce score pourrait fragiliser ses velléités présumées de devenir chancelier.
L’AfD (15,8 %) et les Verts (15,6 %) sont au coude à coude pour la deuxième place en Bavière, tandis que le SPD, chroniquement faible dans ce Land, perd encore des suffrages (8,5 %).
Markus Söder devrait reconduire sa coalition avec les Électeurs libres (Freie Wähler), parti très conservateur implanté dans les campagnes qui récolte 14 % des voix.
La popularité de cette formation n’a pas souffert, au contraire, de la polémique cet été autour d’un tract à caractère antisémite attribué à leur chef, Hubert Aiwanger (52 ans), et remontant au temps de son adolescence. Son frère en a finalement revendiqué la paternité.