Une évasion de la prison de Réau en dix minutes avec un hélicoptère. C’était en 2018, et c’est pour ces faits que comparaît le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, à partir du mardi 5 septembre, devant les assises de Paris. Son procès va débuter dans la matinée au palais de justice historique de Paris, sur l’île de la Cité, sous haute sécurité.
Il y est jugé jusqu’au 20 octobre notamment pour “récidive d’évasion en bande organisée” et “détournement d’aéronef”, avec 11 autres personnes soupçonnées de l’avoir aidé à préparer ou réaliser cette évasion, ou de l’avoir assisté lors des trois mois de cavale qui ont suivi.
Parmi elles, cinq membres de sa famille : Rachid, 65 ans, grand frère et “chef” supposé de l’organisation, et Brahim, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec Rédoine Faïd le 1er juillet 2018 vers 11 h quand le commando armé a fait irruption par les airs au centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne). Sont également jugés trois neveux, dont un ayant été identifié par les enquêteurs comme membre de l’équipe venue exfiltrer le braqueur.
L’évasion avait duré dix minutes. Profitant de l’absence de filins de sécurité – ils ont depuis été installés –, un commando de trois hommes encagoulés s’était posé en hélicoptère, détourné au prétexte d’un baptême de l’air, dans la cour d’honneur de la prison.
Pendant qu’un homme était resté à bord de l’Alouette II, son arme braquée sur la tête du pilote, les deux autres étaient sortis en jetant des fumigènes. L’un montait la garde, kalachnikov au poing, alors que le second, muni d’un brassard “police”, faisait sauter à la disqueuse les verrous du couloir des parloirs, où se trouvaient Rédoine Faïd et son frère Brahim.
Libéré, le braqueur, “très serein”, avait marché “calmement” vers la sortie, selon les témoins. L’hélicoptère était reparti sans qu’aucun coup de feu n’ait été tiré.
“Toujours debout” malgré des mesures de sécurité drastiques
Après trois mois de cavale, et un renseignement sur une silhouette masculine sous un niqab à Creil (Oise), la ville où il a grandi, Rédoine Faïd y sera arrêté le 3 octobre 2018 à 4 h du matin chez l’amie d’un neveu. Celle-ci sera jugée à leurs côtés.
À l’approche de l’audience, Rédoine Faïd est “serein, combatif”, “toujours debout” malgré des mesures de sécurité drastiques en détention, dit l’une de ses avocats, Me Marie Violleau. Au cours de l’enquête, il a gardé le silence, comme ses proches, sauf pour regretter de les avoir mêlés à cette affaire.
Son frère Rachid Faïd a juste expliqué pourquoi il avait “décidé” de participer : “Les raisons, c’est l’accumulation de peines. C’est un mouroir”.
Avant même l’ouverture de ce procès, où Rédoine Faïd encourt la perpétuité au vu de son état de récidive, sa sortie de prison était prévue en 2046.
Hold-up et attaques de fourgons blindés
Celui qui avait commencé les braquages vers 18 ans était resté sous les radars jusqu’en 1995-1997, où il s’est mis au hold-up avec prises d’otages à domicile, avant de passer aux attaques de fourgons blindés.
Attaques qu’il planifie pendant des semaines, au détail près, raconte-t-il dans son autobiographie, publiée en 2010 alors qu’il était en libération conditionnelle et jurait sur les plateaux télé avoir “tourné la page” du grand banditisme.
Rédoine Faïd a notamment été condamné à 12 ans de réclusion pour ses activités de “saucissonneur” de responsables de banques ou bijoutiers et à 15 ans pour l’attaque d’un fourgon à Villepinte, en 1997.
En 2018, il est condamné en appel à 25 ans de prison pour son rôle d'”organisateur” d’un braquage raté en 2010, qui a coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).
Quelques années plus tôt, en 2013, il faisait la une des journaux télévisés pour une précédente évasion spectaculaire de la prison de Sequedin (Nord), après avoir pris quatre surveillants en otage et détruit cinq portes à l’explosif. Il avait été retrouvé un mois et demi plus tard.