Un sujet trop sensible ? Le patron du MoDem François Bayrou ne croit pas que “la question de l’immigration soit aujourd’hui adaptée au 49.3”, explique-t-il dans une interview au Parisien dimanche 10 septembre, exprimant aussi des réserves quant à l’éventualité d’un référendum sur le sujet.
“Je distingue les textes ‘essentiels’, pour lesquels le 49-3 s’impose en cas de blocage, et les textes ‘utiles’ mais qui ne sont pas vitaux”, détaille François Bayrou. Rangeant le futur projet de loi immigration parmi les “textes utiles”, François Bayrou jugerait ainsi “regrettable” que le Parlement ne trouve pas d’accord, d’autant que “les Français verraient qui empêche cette amélioration”. “Mais on le surmonterait”, affirme-t-il.
Faut-il envisager d’actionner l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter à l’Assemblée un texte sans vote, mais place le gouvernement sous le risque d’une motion de censure ? “Je ne crois pas que la question de l’immigration soit aujourd’hui adaptée au 49.3”, répond François Bayrou.
En revanche, quand il s’agit de faire voter les budgets, “le 49.3 n’a rien de négatif, c’est même la clé de voûte de nos institutions pour qu’un gouvernement ne soit pas constamment soumis au chantage”, précise-t-il.
Réticence à un référendum sur l’immigration
Alors qu’Emmanuel Macron s’est montré favorable à l’élargissement du champ des référendums, le chef du MoDem ne se montre guère enclin à utiliser cet outil dans le domaine de l’immigration, contrairement aux revendications de la droite et de l’extrême droite.
“Sur le fond, je ne suis pas pour qu’on fasse de l’immigration un sujet qui allume le feu, sur lequel on verse tous les jours de l’essence”, fait-il valoir. “Mais je suis pour affirmer, dans la Constitution, qu’un peuple a le droit de défendre son identité et ses valeurs même quand il accueille et qu’il donne asile”.
Le patron du MoDem est aussi monté en défense de la régularisation des sans-papiers travaillant dans des filières où la main d’œuvre manque. Une mesure dont Les Républicains notamment ont fait une ligne rouge, mais qui “serait une disposition utile et juste”, plaide-t-il. “Des personnes qui travaillent, qui apprennent le français, qui veulent s’intégrer, ce serait une faute de les laisser en situation irrégulière”.
L’exécutif peine toujours à trouver une majorité sur le projet de loi immigration, maintes fois repoussé et annoncé à l’automne au Parlement. Ce texte va être l’un des grands points de débat de la rentrée des groupes parlementaires de la majorité, la semaine prochaine. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin vient d’ailleurs s’exprimer lundi devant le MoDem réuni à La Roche-Posay (Vienne).