Le policier de la brigade anticriminalité (BAC) soupçonné d’avoir gravement blessé le jeune Hedi en marge d’émeutes à Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet, reste en détention provisoire au moins jusqu’à son interrogatoire, prévu le 30 août.
Dans une motivation sévère, le président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a estimé que malgré ses aveux partiels jeudi, quand ce policier a reconnu un tir de LBD, sa “dénégation fallacieuse” initiale a jeté “le discrédit sur l’ensemble de ses propos”.
Hedi, 22 ans, a dû subir une amputation partielle de son crâne après un tir de LBD et des coups reçus alors qu’il était déjà blessé. Son avocat, Jacques-Antoine Preziosi, s’est dit “satisfait parce que ça permettra un meilleur déroulé de l’information”. “La police doit assumer cette incarcération qui va dans le sens de la justice”, a-t-il ajouté.
Pour le principal syndicat de police Alliance, c’est un coup dur. “Cette décision est incompréhensible et très injuste. Notre collègue n’a pas à rester en prison”, a déclaré après l’annonce du délibéré par la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence Sébastien Gréneron, selon qui “les policiers sont responsables, les policiers ne sont pas des délinquants”.
“J’ai pris la décision de faire usage de LBD”
Plus tôt dans la journée, le policier, qui contestait sa détention provisoire, avait admis un tir de LBD. Pour son avocat, “rien ne prouvait” cependant que ce tir qui était celui à l’origine de la blessure d’Hedi.
T-shirt blanc, crâne rasé, ce policier, prénommé Christophe, a 14 ans d’ancienneté à la brigade anticriminalité (BAC). Il avait souhaité à son arrivée dans le box faire des déclarations spontanées : “Je souhaite m’expliquer sur les faits”. Et alors qu’il le contestait jusqu’à présent, il avait déclaré jeudi matin : “J’ai pris la décision de faire usage de LBD à une reprise.”
“Nous avions reçu la consigne de rétablir l’ordre” et “j’ai vu deux individus capuchés” avec “plusieurs mouvements dont je ne pouvais pas déterminer la nature laissant penser qu’une altercation était en cours.” À un moment, il raconte avoir vu l’un sortir de la pénombre et pense qu’il est porteur d’un projectile. C’est à ce moment-là qu’il décide de tirer, une fois. “J’ai vu que tout le monde était debout et évidemment que si une personne avait été inconsciente au sol ou présentant des blessures graves, il aurait été immédiatement pris en charge”.
L’avocat du policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille, Me Pierre Gassend, avait demandé la remise en liberté de son client, estimant qu’il n’y avait “aucun risque” qu’il fasse pression sur la victime et soulignant qu’il pourrait être hébergé loin de Marseille.
La demande d’un autre policier mis en examen dans cette affaire, qui souhaite la fin de son contrôle judiciaire, sera, elle, examinée à huis clos.
Dans le dossier Hedi, quatre policiers sont mis en examen pour “violences volontaires ayant entrainé une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours, aggravées par trois circonstances en ce qu’elles ont été commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions”.
Les trois autres suspects ont été placés sous contrôle judiciaire avec “interdiction d’entrer en contact avec les coauteurs, la victime et les autres protagonistes et interdiction d’exercer l’activité professionnelle de fonctionnaire de police”.